 LE
RETOUR EN FRANCE Ce nest pas sans une certaine appréhension
que le team SNAFU reprend lavion (pour la majorité) ou la route (pour
les pathfinders) le mardi 27 novembre 2007 laissant le Dakota 43-15073 chargé
sur trois camions en attente de dédouanement. Leur crainte allait savérer
fondée. A commencer par lautorisation dexporter qui nest
toujours pas revenue, toujours en attente de signature chez le ministre de la
sécurité intérieure. Depuis laéroport, Olivier
donne les derniers coups de téléphone selon un mode opératoire
désormais habituel : identifier le fonctionnaire responsable du blocage
puis organiser un tir de barrage en règle en faisant appeler les ambassades
de France, des Etats-Unis et dAllemagne puis en dernier recours, contact
avec notre ange gardien à Paris. Mercredi 28, léquipe est
bien rentrée, les Pathfinders roulent, mais lavion na pas bougé
dun centimètre. Erol qui a organisé le transport a dû
trouver une solution pour coucher les trois chauffeurs à proximité
de la base dans laquelle ils nont pas pu rester pour dormir. Et lorsquil
appelle la Normandie à 11 heures, cest un homme épuisé
nerveusement qui appelle au secours. Il va détage en étage
au ministère du commerce extérieur à la recherche du précieux
sésame qui après signature du ministre a été égaré
dans lun des bureaux ou il devait recevoir un tampon officiel. A midi quinze,
bonne nouvelle, le document a été retrouvé et Erol peut demander
le dédouanement de son chargement hors du commun. A 14 heures, cest
chose faite et le convoi de trois camions peut enfin prendre la route. Comme lavait
promis, Ivan Tajic, linterlocuteur dOlivier au ministère de
la Défense, les choses ont été faites en grand : certaines
voies sont interdites depuis le matin à la circulation pour faciliter le
passage du convoi et une escorte motorisée est bien présente pour
accompagner ce convoi exceptionnel jusquà la frontière avec
la Croatie au point de passage de Bröd. Cela sera bien utile notamment pour
le passage dun tunnel limité en hauteur à 4 mètres
alors que notre fuselage culmine très exactement à 4,23 mètres
en son point le plus haut. Le tunnel est fermé à la circulation
le temps que le convoi empruntant le centre de la voie là où la
hauteur est la plus importante sengage au pas avec une marge de seulement
15 centimètres. A 18 heures enfin, le convoi arrive au poste frontière.
Lescorte de convoi exceptionnel rebrousse chemin et les transporteurs présentent
leurs documents. Après de longs conciliabules, le responsable du poste
de douanes vient leur faire part de limpossibilité pour eux de passer.
Motif invoqué : cet avion provient du ministère de la Défense,
il a une peinture camouflée, donc
cest une arme ! Or suite
à un accord avec lunion européenne afin de limiter le trafic,
les armes ne peuvent passer quau poste frontière dOrasje, une
centaine de kilomètres plus à lEst. Au téléphone,
pendant de longues heures Erol tente de négocier, argumente, insiste, mais
le douanier ne veut pas se déjuger et reste ferme. Erol explique quil
sagit dun convoi exceptionnel, quil na plus descorte,
quil ne dispose daucune autorisation administrative pour circuler
ailleurs dans le pays. Rien ny fait. A 23h30, Erol appelle Olivier pour
lui exposer la situation. Il était trop tôt pour crier victoire
Cet avion est vraiment SNAFU jusquau bout des ailes. Dès jeudi matin
à la première heure, les amis du SNAFU à Sarajevo sont mis
en état dalerte. Il faut obtenir dans les meilleurs délais
autorisation administrative de convoi exceptionnel et escorte. Et le tout en double
puisque le convoi doit quitter la Republica Srpska pour la fédération
sur 6 km. Normalement pareille démarche prend une dizaine de jours mais
chacun mesure bien lenjeu. Chaque jour dimmobilisation coûte
1.000 € avec le risque de voir un des chauffeurs excédé par
lattente abandonner nimporte où son précieux chargement.
Les attachés de Defense dAllemagne, des Etats-Unis et de France font
merveille en se répartissant les tâches et en appelant les uns après
les autres. Vendredi matin, le fonctionnaire Bosniaque responsable des transports
exceptionnels pour la Republica Srpska, harcelé dappels téléphoniques
demande un cessez le feu. Il va délivrer dans laprès midi
lautorisation tant attendue pour se rendre de Bröd à Orasje.
En milieu daprès-midi après deux jours dattente, le
convoi reprend la route et passe la frontière sans difficulté à
Orasje. En Croatie, le convoi est sur autoroute et les chauffeurs décident
de rouler jusquà la frontière Slovène quils passeront
le lundi matin après leur repos dominical. Mais lundi matin à
7 heures, nouvel coup de téléphone dErol à Olivier
: les camions sont bloqués à la frontière Slovène,
désormais porte de lEurope au motif comme à Bröd-
quil sagirait dune arme. Lhistoire se répèterait-elle
? Olivier rappelle les contacts quil avait en Slovénie et promet
que si les camions restent bloqués, il appellera le correspondant de Reuters
et que ça se terminera dans la presse avec des titres comme : « la
Slovénie ferme la porte de lEurope à lavion qui lavait
libérée ». Des tractations sengagent et à 9h30
nouvel appel dErol
Les camions ont pu passer. Le plus long dentre
eux qui doit rouler à allure réduite laisse partir les deux autres
qui avalent les kilomètres, traversent lAutriche et lAllemagne
avant dentrer en France en fin de journée. Le second chauffeur prend
le relais dans chaque camion pour une arrivée à Carpiquet désormais
programmée pour mardi midi. Le troisième camion quant à lui,
interdit dautoroute et de conduite de nuit narrivera que jeudi dans
laprès-midi. 
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